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Les cryptos selon Trump : une véritable stratégie financière
information fournie par Le Cercle des économistes 12/05/2025 à 08:37

bitcoin 2 (Crédits: Unsplash - André François McKenzie)

bitcoin 2 (Crédits: Unsplash - André François McKenzie)

Jeudi 8 mai, le bitcoin s'est de nouveau envolé pour franchir la barre des 100.000 dollars l'unité, porté par l'annonce de l'accord commercial entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Catherine Lubochinsky décortique la stratégie du président américain, Donald Trump, au profit des actifs numériques privés.

Pour une fois, il y existe bien une stratégie cohérente de la part de Trump quant à sa position sur les actifs numériques. Il suffit de bien faire la distinction entre actifs numériques privés, les jetons comme le Bitcoin et stablecoins, et actifs numériques publics i.e. les monnaies numériques émises par les banques centrales (MNBC).

Trump, et son administration sont pro actifs numériques privés mais anti actifs numériques publics. Pour s'en convaincre il suffit de regarder quelques décrets présidentiels signés au cours ces derniers mois. Et pour comprendre, il suffit de regarder quels en sont les enjeux respectifs.

Un décret du 23 janvier 2025 interdit à toutes les agences, dont la Federal Reserve, d'entreprendre toute action visant à établir, émettre ou promouvoir une MNBC. Bref, interdiction d'y penser ! Ce n'est pas une surprise : les élus républicains (et Trump) sont opposés à la création d'un dollar numérique arguant que cela permettrait une surveillance accrue des transactions financières des citoyens. Il est vrai que le e-Yuan, introduit par la banque centrale chinoise dès 2020, pose question quant au degré de confidentialité. L'anonymat des transactions tel que celui procuré par les espèces est l'un des enjeux des modèles de MNBC. Pourquoi environ 130 banques centrales réfléchissent et / ou préparent l'émission d'une telle monnaie ? Premier avantage, elle permet une meilleure inclusion financière. Par exemple le Sand Dollar des Bahamas (2020) s'explique par la difficulté de bancarisation d'une population éparpillée sur des centaines d'îles. Autre avantage, de dimension plus stratégique, l'existence d'une telle monnaie permettrait de contrer le développement d'actifs numériques privés qui peuvent atténuer l'efficacité de la politique monétaire tout en augmentant l'instabilité financière.

En ce qui concerne les actifs numériques privés, derrière l'objectif proclamé de faire des Etats-Unis la capitale mondiale des «cryptos», leur promotion par Trump relève d'une stratégie sans grande ambiguïté : maximisation du profit sans contrainte réglementaire… L'aspect promotionnel se retrouve par exemple dans le décret présidentiel du 6 mars 2025 qui officialise la création d'une reserve stratégique de Bitcoins et d'un fonds d'actifs numériques. Toutes les agences gouvernementales doivent transférer leurs avoirs dans ces fonds gérés par le Trésor US (et non la Fed qui par ailleurs ne peut détenir des actifs trop risqués selon la règlementation en vigueur), avoirs obtenus via les saisies dans le cadre de procédures judiciaires.

Coté réglementation, le démantèlement du Consumer Financial Protection Bureau (CFPB) et le comportement récent de la Securities Exchange Commission laissent peu de doutes quant à l'éthique future de certains acteurs. Selon le rapport du State Democracy Defenders Fund «Trump's Crypto Conflicts of Interest» (23 avril 2025) plus d'un tiers de la fortune de Trump est composée d'actifs numériques. La société World Liberty Financial, crée en octobre 2024, détenue à 60% par une entité familiale Trump mais ayant droit à 75 % des bénéfices, a émis les célèbres $TRUP et $MELANIA, le stablecoin USD1 et des jetons de gouvernance WFLI.

Notons qu'un investisseur important en jetons WFLI est bien connu. Justin Sun a lancé sa blockchain TRON et son actif numérique TXR et s'est rendu célèbre en achetant l'œuvre de Cattelan (la banane à plus de 6 millions de dollars). Investissement fort rentable puisqu'il est devenu conseiller de WFL ; par ailleurs la SEC a suspendu en février dernier la procédure judiciaire engagée à son encontre pour manipulation des cours et commercialisation d'actifs non enregistrés. La clémence de la SEC s'étend à environ une douzaine de procédures liées au monde des «cryptos».

Dans le même ordre d'idées, le fondateur de la société Binance (condamnée en 2024 à verser USD 4,3 milliards pour violation des lois anti-blanchiment) Changpen Zhao (condamné à 4 mois de prison et 50 millions) a déposé début mai une demande de grâce présidentielle auprès de Trump. Selon le Wall Street Journal, des discussions sont en cours pour lister les actifs numériques de WFL sur la plateforme Binance. En 2021, Trump déclarait que les « cryptos » n'étaient qu'une vaste escroquerie …

Catherine Lubochinsky

Membre du Cercle des économistes

Professeur à l'Université Paris II Panthéon-Assas

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3 commentaires

  • 10:09

    @PzKpfw_VI

    Merci pour ce commentaire !!!


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